PORTRAIT
Matthieu Baumel : Un Dakar... sinon rien !
Certains pensaient qu’en changeant de continent, le Dakar allait perdre un peu de son âme. Il n’en a rien été. Les épreuves courues en Amérique du Sud étaient aussi intenses, aussi exigeantes. Il y avait également le désert, les dunes et les écarts de température - pas seulement la chaleur (plus de 60° au Paraguay) mais aussi le froid (avec des étapes où on passait à plus de 5 000m d’altitude). - On avait parfois le sentiment d’être « sur Mars ». Le Dakar reste une course mythique et c’est, en tout cas, la plus belle et la plus dure du monde.
Je suis d’autant plus fier que nous ayons terminé en vainqueur. Il est vrai que Nasser Al Attiyah, avec qui je fais équipe est un pilote hors-pair et que nous sommes liés par une grande complicité et une solide amitié.
J’ai commencé à courir des rallyes traditionnels en 97. Je courais alors essentiellement en France où je faisais équipe avec des pilotes français. Il faut être bien conscient que c’est très dur pour un français de « se vendre à l’étranger ». Nasser, sur ce plan, m’a beaucoup aidé.
J’ai fait équipe avec son frère, avec un de ses cousins et j’ai pu participer ainsi à de nombreuses épreuves au Moyen Orient, à des Rallye-Raids… pour apprendre et me former.
J’ai couru mon premier Dakar en 2005 et j’en garde un souvenir formidable… car là, tu découvres tout et, au milieu des dunes, tu te retrouves comme seul au monde. Quand, en plus, tu arrives au bout…c’est quelque chose de très fort !
Depuis j’ai participé à 11 autres Dakar et je fais désormais équipe avec Nasser Al Attiyah. Ensemble, on en a gagné 2 et on a terminé 2 fois deuxièmes.
Cette course reste pleinement une aventure et ça n’est jamais gagné, jusqu’au passage de la ligne d’arrivée. Cette année, on a bénéficié de conditions optima, puisqu’on a remporté la première étape, en prenant de l’avance sur nos adversaires directs. Il nous a suffi, ensuite, de « gérer ». Bien sûr notre équipe « Toyota Gazoo Racing » (regroupant 3 voitures officielles et 7 voitures de « clients ») bénéficie d’un pool technique impressionnant (mécanos, kinés…soit quelques 115 personnes présentes à chaque étape pour qu’on puisse repartir au « top » le lendemain). Mais on n’est jamais à l’abri d’un pépin !
On a gagné l’édition 2019, c’est vrai …mais aussi le championnat du monde en WRC2, des manches de Rallye-Raid et des épreuves du championnat du Moyen Orient. Mais le Dakar demeure vraiment l’épreuve phare et tout le reste n’est que… de la préparation, permettant de tester de nouvelles pièces, de nouvelles spécifications techniques (chassis, suspension, moteur…).
Bien sûr, nous passons beaucoup de temps ensemble, avec Nasser (entre 180 et 200 jours/an en moyenne (300 même en 2015 : 1er du Dakar et vainqueurs de 3 championnats).
Le Dakar 2020 se courra en Arabie Saoudite. Et je compte bien que nous le gagnerons.
Ne dit-on pas : « Jamais deux sans trois » ?